Etant souvent confronté au public, et notamment au jeune public, à l’occasion de divers événements relatifs au patrimoine, de nombreuses questions récurrentes démontrant l’intérêt pour ce métier m’ont été posées. J’ai donc trouvé intéressant de m’en servir pour présenter mon parcours et ma profession.
En quoi consiste le métier de conservateur – restaurateur ?
La conservation-restauration consiste à proposer des traitements visant à sauvegarder une œuvre, un monument, tout en respectant son intégrité culturelle, historique, artistique, religieuse. Cette discipline propose aussi des interventions permettant de redonner son aspect esthétique à une œuvre abîmée.
Quelles sont les qualités nécessaires pour faire ce métier ?
De la patience bien sûr, et un certain regard sur le patrimoine ; mais aussi des connaissances : histoire de l’art, techniques, couleurs, chimie, biologie...En outre, ce métier répond à un code de déontologie reconnu au niveau international, et qui nous propose une certaine ligne de conduite à suivre.
Comment êtes-vous arrivée à faire ce métier passionnant?
Depuis mon plus jeune âge, je pratique le dessin, la peinture, le modelage, en suivant divers cours, particuliers et à l’Ecole des Beaux Arts (Angers et Mairie de Paris). Après une filière littéraire, et déjà attirée par « les vieilles choses », je me suis orientée vers l’histoire et l’archéologie, pour me spécialiser sur l’épigraphie akkadienne. C’est sur un chantier syrien, en regardant des restaurateurs qui travaillaient sur la consolidation de tablettes cunéiformes en terre crue que j’ai un coup de cœur pour ce métier, qui alliait pour moi l’intellect, la technique et le manuel. Après une dizaine d’années de terrain en restauration à travers des entreprises privées et des stages, j’ai passé le Master Conservation – Restauration des Biens Culturels à Paris 1 - Sorbonne, spécialité sculpture. En 2010, j’ai créé ACR Polychromie, Atelier de Conservation – Restauration, d’œuvres sculptées et polychromes.
Sur quel type d’œuvre travaillez-vous ?
Je travaille pour les Monuments Historiques, sur des œuvres monumentales, polychromes ou non, notamment du mobilier d’Eglise (retables, maîtres autels, chaires à prêcher), mais également du mobilier civil et des boiseries peintes. Ces œuvres, de part leur format sont principalement traitées sur site. Et j’interviens également sur de la statuaire, des objets d’art, et du mobilier polychrome, que je traite principalement dans mon atelier. Ponctuellement, j’interviens également sur les enduits peints et les peintures murales.
Qu’appelle-t-on la polychromie ?
La polychromie, comme son nom l’indique, signifie « plusieurs couleurs » (du Grec = poly + khrôma). La polychromie peut être visible en surface par les multiples couleurs qui recouvrent une sculpture par exemple. Mais il faut savoir aussi que les sculptures ont souvent été repeintes et présentent donc plusieurs états ou strates polychromes superposévs.
Travaillez-vous uniquement sur les objets polychromes ?
Non, je travaille aussi sur des œuvres monochromes ou non peintes.
Sur quels supports intervenez-vous ?
J’interviens sur des supports très divers : bois, pierre, plâtre, terre cuite... Selon l’importance des problèmes que pose le support, je travaille en collaboration avec des restaurateurs ébénistes, des tailleurs de pierre…
Travaillez-vous seule ?
En général oui, mais pour certaines œuvres monumentales, j’interviens avec d’autres collègues restaurateurs. Mon réseau me permet de monter rapidement une équipe pour tous types de chantiers. Je travaille également en étroite collaboration avec d’autres spécialités de la restauration (textile, métal, éthno) et avec les maîtres d’œuvre et les maîtres d’ouvrage.
Quels sont vos interlocuteurs ?
Je réponds sur des marchés publics, ou à la demande directe des Architectes en chef des Monuments Historiques, des Architectes des Bâtiments de France, des Conservateurs des Monuments Historiques, des Conservateurs des Objets d’Art ou des particuliers.
Quels sont vos projets ?
Imagerie et patrimoine
Actuellement, je collabore avec un photographe de métier, instructeur de drône et réalisateur de films, à la modélisation 3D, la photogrammétrie, de l’ortho -photogrammétrie, pour les études préalables. Nous exploitons ces méthodes sur différents chantiers d’études. Celles-ci s’avèrent être très pertinentes et efficaces pour des œuvres sur lesquelles la pose d’un échafaudage n’est pas possible ou trop onéreuse. Elles permettent ainsi d’obtenir des informations précises sur l’état de conservation des œuvres, et une qualité d’image indispensable pour les travaux d’études et de diagnostics.